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Providence. Rhode Island.

 

— L’an dernier, nous avons ouvert un petit bureau à Londres, dit Archie. Pas pour opérer en Angleterre, évidemment. Les Brits sont excellents pour le renseignement. Ils n’ont pas besoin de nous. En plus, ils sont assez hostiles à la sous-traitance pour leurs propres affaires. Notre bureau de Londres est juste une tête de pont pour explorer de nouveaux marchés sur le continent.

La jetée se rétrécissait à mesure qu’ils avançaient. Ce n’était plus qu’un étroit ruban de ciment déroulé sur les roches. L’éclaircie se confirmait. La mer, vers l’ouest, prenait la couleur du vieil étain.

— Il est trop dangereux aujourd’hui de dépendre d’un seul client. L’agence de Providence doit sans cesse diversifier ses sources de financement. Un peu comme votre clinique…

Paul tourna la tête pour voir si Archie plaisantait, mais il avait l’air tout à fait sérieux et suivait son idée.

— À terme, je lorgne évidemment vers l’Extrême-Orient, poursuivit-il. D’ailleurs, je vais bientôt partir pour une longue tournée là-bas. Mais en attendant, nous sommes d’abord allés au plus facile, c’est-à-dire en Europe. Pas tellement en Europe de l’Ouest. Les Hollandais et les Belges sont une chasse gardée de la CIA, l’Italie aussi. Les Français pourraient bénéficier de nos services s’ils étaient lucides sur eux-mêmes. Mais c’est un peuple bizarre. Il ne pense pas comme le reste de l’humanité. Cela dit sans froisser votre sensibilité, j’espère.

Paul ne releva pas l’allusion. C’était une vieille plaisanterie entre eux. Archie ne perdait jamais une occasion de le traiter de Français, parce qu’il était né à La Nouvelle-Orléans.

— Non, le vrai marché émergent c’est l’ancienne Europe de l’Est. Il y a là une vingtaine de pays qui sortent d’un demi-siècle de dictature. Leurs services secrets ne sont pas incompétents. Les dissidents en ont fait l’expérience. Mais ils continuent de fonctionner avec une tradition de brutalité un peu démodée. Ils ne sont pas très adaptés au monde actuel. Dès que les choses deviennent un peu complexes, ils sont désemparés.

Ils étaient arrivés au bout de l’ultime ponton, sur un petit promontoire de planches. Ils s’accoudèrent à la balustrade. De là, on avait l’impression d’être au milieu de la mer. Les grands voiliers tournaient les bouées devant eux. Ils passaient si près qu’on pouvait entendre claquer au vent les toiles et les cordages. Archie remonta le col de sa veste et prit soudain une expression que Paul aurait volontiers qualifiée de très « guerre froide ». Il avait beau se moquer des Polonais et de leur héritage de l’ère communiste, il avait été, lui aussi, formé aux écoles classiques. Un ponton désert, deux improbables promeneurs accoudés côte à côte, les yeux sur l’horizon, toute sa mise en scène était un vivant hommage à John Le Carré, le vestige assez ridicule d’un monde englouti. En remuant à peine les lèvres, il commença le récit qui avait motivé toute sa démarche.

— Les autorités polonaises ont récemment pris contact avec les services anglais pour leur demander conseil. Mon vieil ami Lord Brentham est toujours l’homme fort sur ces questions de sécurité à Whitehall. Il m’avait promis que, faute de pouvoir nous faire travailler directement, il rabattrait sur nous certaines des demandes d’assistance qui leur parviennent parfois de l’étranger. Il m’a appelé pour me transmettre le dossier polonais.

La brise thermique venue de la terre se renforça d’un coup. Les vagues se frisèrent d’écume. Les voiliers qui remontaient au vent prirent une forte gîte.

— Je vous résume l’affaire. La semaine dernière, dans la ville de Wroclaw, à l’ouest de la Pologne, un laboratoire de recherche biologique a été vandalisé. Le groupe qui a opéré appartenait apparemment à une mouvance écologiste radicale. Plus précisément, il semble s’agir de défenseurs des animaux. Les assaillants ont ouvert les cages du laboratoire et libéré les bêtes qui servent pour les expériences. Entre nous, on ne peut pas leur donner tout à fait tort. Quand on sait ce qu’ils font à ces pauvres êtres innocents…

Archie ne s’étendit pas plus longuement sur ses apitoiements. Il ne s’y mêlait à l’évidence aucune compassion personnelle. Paul n’avait d’ailleurs jamais vu Archie porter la moindre attention à une bête.

— Les Polonais ont fait une enquête policière classique, assez bien menée semble-t-il. Ils ont conclu qu’il s’agissait d’un commando d’au moins deux personnes. Elles sont très probablement venues de l’étranger. Wroclaw est proche des frontières allemande et tchèque. Les extrémistes polonais sont très surveillés et apparemment, les policiers sont formels, il n’y a aucun groupe chez eux qui projette de tels actes. Ils ont classé l’affaire du point de vue judiciaire. À titre de précaution, puisqu’il semble exister une implication internationale, ils ont transmis l’information à leurs services secrets. Ce sont ces services qui se sont inquiétés. Ils savent que dans beaucoup de pays d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord les groupes écologistes radicaux constituent une menace extrêmement préoccupante. Ces activistes n’hésitent pas à pratiquer des raids très destructeurs et vont parfois jusqu’à commettre des meurtres. Vous le saviez ?

— Vaguement.

— Bref, les Polonais se sont renseignés. Ils ont appris que l’Angleterre était la patrie d’origine des militants violents qui défendent la cause animale. Ils ont donc eu l’idée de demander aux Anglais d’évaluer la situation en Pologne. Ils veulent savoir pourquoi on les a visés et s’il peut y avoir d’autres cibles. Bref, ils cherchent à mesurer s’il existe un risque de contagion. Aimablement, Lord Brentham a tenu la promesse qu’il m’avait faite et il nous a mis le pied à l’étrier. Les services anglais nous ont renvoyé l’affaire. Ils ont affirmé aux Polonais que les Etats-Unis étaient au moins autant qu’eux victimes de ce type de terrorisme, ce qui est vrai. Et qu’à l’agence de Providence se trouvent les meilleurs spécialistes de ces questions.

— Ce qui est faux ?

— Évidemment. Nous n’avons jamais travaillé là-dessus.

Paul était venu d’Atlanta en veste légère et commençait à ne plus avoir très chaud.

— On pourrait peut-être rentrer doucement, suggéra-t-il.

Archie fit demi-tour sans rien dire, tout occupé par son sujet.

— Voilà comment nous avons hérité d’un contrat de consultance avec les Polonais. Il n’est pas encore très intéressant financièrement. Mais, si nous nous en tirons bien, ce sera un grand atout pour leur vendre une collaboration plus régulière. Ainsi nous pourrions entrer sur le marché européen du renseignement. Vous commencez à comprendre pourquoi j’ai besoin de vous.

— Je ne connais rien aux animaux, dit Paul avec un sourire en coin. Il vous faudrait plutôt un vétérinaire.

Archie rejeta un peu le buste en arrière et passa la main sur ses cheveux que le vent décollait de son crâne.

— Réfléchissez, Paul, siffla-t-il sans se donner la peine de sourire. Vous pouvez nous être infiniment précieux.

Le chauffeur avait rapproché la voiture du bout de la jetée. La Jaguar attendait, les portières ouvertes comme des voiles. On aurait dit un long bateau amarré au ponton du côté de la terre. Archie fit le tour de la voiture. Paul se retrouva côte à côte avec lui dans la chaleur de l’habitacle. Le vieillard soufflait sur ses mains pour les réchauffer.

— D’abord, reprit-il, vous devez savoir que les bons agents de terrain sont rares. Pour Providence, je n’ai eu aucun mal à trouver des officiers-traitants ou des techniciens. Mais les agents opérationnels, c’est autre chose. Nous en manquons cruellement.

— Cherchez mieux. Je ne suis pas le seul.

— Ce n’est pas tout. Dans ce cas précis, il faut quelqu’un qui cumule les compétences. Il devra pouvoir évoluer dans les milieux de la recherche médicale, en comprendre le vocabulaire, les enjeux. Il lui faudra aller voir sur place à quoi ressemble ce fameux laboratoire. Les services secrets polonais sont au courant de l’affaire, bien entendu, mais pas la police. Ils sont assez ombrageux, là-bas, en ce qui concerne la souveraineté nationale. Notre agent devra donc pouvoir se faire passer lui-même pour un médecin. Quoi de mieux pour y parvenir que de l’être vraiment ? Ensuite, s’il découvre une piste, il lui faudra se mettre sur la trace du groupe activiste qui a commandité l’affaire. Il devra s’en rapprocher, connaître ses intentions. Compte tenu de la dangerosité habituelle de ces groupes, il faut être rompu aux questions de sécurité et capable d’évoluer sous couverture. C’est une mission très complète. Vous êtes, mon cher Paul, la perle rare. Celui qui peut réunir toutes ces qualités.

— Ce que vous me décrivez là, c’est un an de travail au minimum. J’ai un autre métier maintenant. Il est hors de question que je l’arrête.

— Vous voyez trop grand, dit Archie en secouant la tête. Il n’est pas question d’assurer la sécurité de la Pologne. Nous ne sommes plus à la Compagnie. Nous faisons du business. Nous dispensons un service, dans les meilleures conditions d’efficacité et de coût. Nous devons en savoir assez pour rédiger un bon rapport qui cadre le problème et renvoie les services de l’État concerné à leurs responsabilités. Vous me suivez ?

La voiture avait repris le chemin de l’arrière-pays. En prévision du voyage, Archie se tortilla pour ôter son manteau.

— Croyez-moi. Vous en avez tout au plus pour un mois. Je m’y engage personnellement. Au bout de trente jours, vous arrêtez tout. Que vous dire de mieux ?

Il ne vous faudra peut-être même pas ce temps-là. À mon avis, l’affaire est tout ce qu’il y a de simple.

— Et si elle ne l’est pas ?

— Écoutez, Paul, vous avez toujours été un garçon inquiet. C’est ce qui vous fait avancer. Mais c’est aussi pour cela que vous avez besoin de l’amitié de gens raisonnables comme moi.

Après la vie qu’il avait eue, Archie osait se présenter comme quelqu’un de raisonnable ! Paul le regarda avec une telle expression de surprise qu’ils se mirent à rire l’un et l’autre.

— Allons, commencez par tirer ce fil, conclut Archie. Nous verrons bien ce qui vient derrière.

 

Atlanta. Géorgie.

 

L’ascenseur était un monte-charge muni d’une grille coulissante. Paul la fit claquer bruyamment sur le côté. Après tout, la nuit, il était seul dans l’immeuble. Il avait bien le droit de montrer sa mauvaise humeur. Archie l’avait fait raccompagner à JFK avec sa voiture. Mais, le temps d’attraper le dernier vol et de rentrer en taxi, il arrivait chez lui à deux heures du matin.

Paul laissa la porte d’entrée se refermer seule. Sans allumer, il alla s’affaler dans un vieux fauteuil en cuir. Les baies vitrées, sur six mètres jusqu’au plafond, brillaient de toutes les lumières de la ville. Il faisait encore chaud. Les vitres du haut étaient ouvertes. Par elles entraient le bruit de coquillage de la mégapole, le chuintement du trafic assourdi par la nuit. Au loin, à la limite de la perception, montait le mugissement à deux tons d’une ambulance.

Il était parti depuis moins d’une journée, mais cela suffisait pour qu’il se sente étranger chez lui. La vaine et irrésistible hystérie du monde secret, dont Archie était le vivant symbole, l’avait repris. Il s’en voulait.

L’ancien atelier qui lui servait d’appartement était formé d’un seul espace sans cloison, coupé par une galerie en mezzanine. Un énorme frigo à porte vitrée était installé en bas, au milieu de la pièce. Il en tira une canette de Coca. Toujours sans allumer, il fit le tour de cet univers familier. La table de ping-pong, les sacs de boxe, des livres en caisse, deux télés l’une au-dessus de l’autre qu’il regardait toujours en même temps. Et, dans un coin, pour cacher les toilettes qui n’étaient pas séparées du reste de l’espace, le piano dont il ne jouait jamais sauf pendant les huit jours qui précédaient ses voyages à Portland pour aller voir sa mère. Elle lui avait appris à en jouer depuis l’âge de quatre ans. Il ne s’était jamais tout à fait résolu à lui avouer qu’il avait abandonné cet instrument auquel elle avait consacré sa vie.

Paul s’était toujours demandé si c’était bien la mort de son père qui l’avait conduit à s’engager dans l’armée. La raison profonde aurait bien pu être aussi son envie de fuir à jamais les cours de piano… Il avait été longtemps dégoûté de la musique. Heureusement, il avait découvert la trompette et tout avait changé.

Il traversa la pièce et alla chercher son instrument sur le rebord de la fenêtre. C’était plus fort que lui : il avait le sourire dès qu’il le touchait. Il effleura les pistons, souffla machinalement sur l’embout. Puis il le posa sur ses lèvres et forma une gamme ascendante de plus en plus forte. La dernière note était à pleine puissance. On devait l’entendre de l’autre côté du parc qui faisait face à l’immeuble. Il avait choisi le lieu sur ce seul critère. Il se moquait de l’espace et du confort. Il voulait seulement pouvoir jouer de la trompette à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Il rebondit sur deux ou trois notes aiguës. Tout de suite, il glissa sur un air de dixie qu’il adorait, un vieil air de La Nouvelle-Orléans des années vingt. Il joua pendant une demi-heure et s’arrêta le front couvert de sueur, les lèvres brûlées, des larmes de bonheur dans les yeux. Maintenant, il se sentait le courage d’allumer la lumière. Il abaissa l’interrupteur général. Les plafonniers s’éclairèrent, les deux télés et une radio se mirent en marche. Toute une anarchie de vêtements de sport, de chaussures orphelines, de vélos démontés apparut aux quatre coins du loft.

Paul alluma le répondeur et se déshabilla pour prendre une douche. Il y avait une trentaine de messages. Il ne donnait jamais son numéro de portable. Ceux qui voulaient le joindre l’appelaient chez lui. Deux copains lui proposaient un jogging ; un couple d’amis l’invitait pour un anniversaire ; un associé de la clinique s’inquiétait pour le budget de l’année suivante (c’était avant la visite d’Archie) ; Marjorie pensait à lui ; le directeur de sa banque lui signalait un découvert ; Claudia pensait à lui ; quatre confrères fêtaient la nomination de l’un d’entre eux à un poste de professeur ; Michelle pensait à lui…

Une serviette roulée autour de la taille, il alla éteindre le répondeur.

Une sensation oubliée de sa vie passée d’agent de renseignements lui revenait : une sorte d’hygiène, un décapage, comme la douche. L’urgence, le secret agissaient en véritables détergents. Tout ce qui n’est pas essentiel s’en va instantanément, dès que l’esprit est entraîné vers Tailleurs de l’action. Les amitiés reprennent leur place, relative. Les ennuis aussi, heureusement. Quant à Marjorie, Claudia, Michelle, elles s’étaient déjà éloignées à toute vitesse, comme des passagers tombés d’un paquebot en haute mer. L’expérience était troublante et dure. C’était à la fois l’épreuve de la liberté et celle du vide.

Il se rassit dans son fauteuil. La baie noire reflétait maintenant l’intérieur de son appartement et sa silhouette. Des images lui revinrent à l’esprit : Mogadiscio, la Bosnie, les montagnes tchétchènes, ses missions passées. Soudain, il pensa à celle dans laquelle il venait de s’engager. Quand il évoqua les souris blanches sorties de leur cage par des détraqués, il partit d’un grand fou rire.

Il retrouva sa canette, la but et se demanda s’il avait envie de dormir. À vrai dire, il se sentait filer doucement vers un état de rêverie qui remplaçait le sommeil.

Il ne parvenait pas à comprendre ce qui le travaillait. Il n’avait envie de répondre à aucun des messages qu’il avait reçus. Pourtant, il avait quelque chose à faire. L’idée se dégagea peu à peu. Il tendit la main pour attraper un agenda qui traînait par terre. En le feuilletant, il trouva le numéro. Elle lui avait dit que c’était sa ligne de bureau. Elle travaillait à la maison. Il se demanda un moment si la sonnerie pouvait s’entendre dans tout l’appartement. Mais, en même temps qu’il y pensait, il avait appuyé sur les touches. Il tressaillit en entendant la sonnerie. Au deuxième coup, le répondeur, à l’autre bout, s’enclencha. Il reconnut sa voix.

— Salut, Kerry, dit-il et il toussa pour donner plus d’assurance à sa voix. Oui, il y a sept ans, je sais. Bon, la vie passe. J’espère que les gosses vont bien et Rob aussi.

Il marqua un temps. Après tout, il pouvait toujours s’arrêter là. Il se leva et coupa l’électricité. Quand il se rassit, la pénombre l’avait calmé. Au lieu de parler dans le vide, il regarda une petite lumière au loin, à travers la baie vitrée. Évidemment, Kerry était à Manhattan et non pas à Atlanta. Ce n’était pas sa lumière, mais peu importait. Au moins, il s’adressait à quelqu’un.

— Je pars en mission en Europe demain. Je voulais te l’annoncer. Oui, je repique un peu au jus. C’est bizarre, après tout ce que je t’avais raconté.

Il laissa passer un temps, but une gorgée de Coca.

— Je ne peux pas t’en dire beaucoup plus au téléphone. Mais il est possible que, voilà… les conditions soient réunies. Je n’en suis pas encore tout à fait sûr.

Il avait trop soufflé dans la trompette. Sa voix redevenait rauque.

— Si c’était le cas, ça me ferait vraiment plaisir… Il faudrait que ce soit possible pour toi aussi, bien sûr.

— J’ai l’air d’un imbécile, pensa-t-il tout à coup. Je me liquéfie carrément.

— Bon, je te rappellerai quand j’en saurai un peu plus. Si tu veux me joindre, je te laisse mon numéro…

Il énonça les chiffres puis se tut. Il cherchait quelque chose à dire de moins stupide. Et, évidemment il ne trouvait pas. Soudain, le répondeur émit deux bips et la communication se coupa. Un instant, il se demanda si Kerry avait pu écouter sans décrocher et interrompre le message volontairement. Non, c’était certainement le silence qui avait déclenché l’interruption de la ligne.

Il se leva et alla jusqu’à son lit. Il ramassa la canette qui était tombée par terre et se coucha. Il se sentait terriblement fatigué.

— Des souris blanches… pensa-t-il.

Il haussa les épaules et s’endormit.

Le Parfum D'Adam
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